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Il s’agit d’un exemple séculaire de magie musicale : deux ou plusieurs mélodies traversent le temps ensemble. Elles sont faites l’une pour l’autre, et pourtant elles se séparent – un modèle d’unité dans la diversité. Mais que se passe-t-il lorsque les voix changent de position ? Ou lorsque l’auditeur adopte une perspective différente ? Combien de dissonances le tissu polyphonique peut-il supporter avant de s’effondrer ?
Dans Polyphonies, la metteuse en scène Aïda Gabriëls explore la musique polyphonique comme modèle d’échelle sociale. 17 chanteurs forment un paysage sonore mobile dans le majestueux Hall Horta de Bozar. Parfois, le collectif s’agglutine, parfois il se désintègre en petites formations ou en particules libres. Le chef d’orchestre Kaspars Putninš guide le Vlaams Radiokoor d’une époque à l’autre, du XIVe siècle de Guillaume de Machaut à des compositeurs contemporains tels que Julia Wolfe, Kaija Saariaho, Caroline Shaw et Adja Fassa. Les spectateurs participent également à la chorégraphie. Ils se déplacent librement dans l’espace et décident où et quand s’asseoir, s’allonger ou se pencher.
Polyphonies marque une nouvelle étape dans les recherches de Gabriëls sur la souplesse de réalités apparemment figées. Il s’agit d’une expérience de pensée sur la dynamique du pouvoir et la construction de la communauté, l’individuel et le collectif, l’égalité et la différence. Comment entrons-nous en résonance avec l’autre ? Le contrepoint d’une société est-il réversible ? La polyphonie est-elle une utopie ?