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Narcosis

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Dans une combinaison moulante en néoprène, noire, flexible, à 34,3 mètres sous surface, quelque chose rend le temps malléable. L’espace abyssal s’étire. Sous le masque, l’ivresse a un goût d’azote.

L’exposition Narcosis rassemble des œuvres d’Esther Denis, Luna Duchaufour-Lawrance, Gabrielle Lerch, Clara Rivault, Cléo Totti et des Æthers, entre pratiques millénaires et nouveaux médias. Corps-coraux, membres liquéfiés, ectoplasmes et objets animés deviennent les témoins d’autres temporalités.

Des interstices de notre perception s’échappe une substance intangible. Elle miroite.

Le​.la spectateur.ice pourra y contempler l’image de Narcisse dont la chair se mêle à l’eau trouble dans une nature artificielle, un « double du réel » qui s’évade d’un miroir de nacre ;

Examiner des simulacres d’artefacts appelant à la pratique de la sourcellerie : objets à la fois capteurs, racines, ruisseaux, à l’usage fictif ;

Observer à travers un hublot cette autre dimension dans laquelle le corps se fractionne, peinture en mouvement d’une peau redevenue eau ;

Tourner autour d’un portail : c’est un vitrail, la « bible des pauvres » qui nous raconte l’histoire de la déesse marine Lidagat et de ses larmes, recueillies dans une bassine en étain ;

Scruter un corps de cendre, en torsion, comme figé par la lave. Une colonne à la fois architecturale et vertébrale ;

Enfin, s’étonner des lèvres qui remuent sur des photographies de femmes médiums, ranimant les récits de séances de spiritisme.

Si les fluides ont une mémoire, c’est elle que les artistes retranscrivent, allant puiser dans les archives, les légendes et les mythes qui traversent nos civilisations. L’eau, essentielle à la naissance et à la survie des espèces, écrit ici une histoire des corps sous divers états : glacé, liquide, vaporeux, ruisselant.

Narcosis vous invite sur un territoire obscur où cohabitent le vivant et l’inerte, l’occulte et la lumière. Un lieu où l’objet sensible se confronte à ses reflets et ses ombres.

Les œuvres se répandent, se répondent, matérialisant les flux et les expériences qui altèrent notre rapport au réel. Ces visions sont des fantômes, des phantasmes : elles s’évaporent lorsque l’exposition s’éteint.

Texte par Gabrielle Lerch